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Le Gaucho est un insecticide systémique produit par l’entreprise allemande Bayer AG. Il regroupe une gamme de produits qui ont comme molécule active l’imidaclopride et sont utilisés pour traiter un certain nombre de cultures. Parmi les plus concernées le mais, le tournesol et la betterave ou le produit s’est largement imposé aux agriculteurs.
En France, les semences de mais et de betterave traitées Gaucho ont obtenu une AMM ( autorisation de mise sur le marché) en février 1992. -
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Les traitements sur semences de tournesol sont montrés du doigt par les apiculteurs qui suggèrent un lien entre le phénomène de disparition des abeilles et l’insecticide. Les protestations croissantes poussent l’entreprise Bayer à effectuer des tests complémentaires à ceux nécessaires à l’AMM. Le résultat démontre pour l’entreprise le caractère inoffensif du produit sur les abeilles.
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Durant l’été 1997 la mortalité prend de l’ampleur, la polémique enfle autour du produit et le ministère ouvre une enquête. La CET demande à ses experts, Mr. Belzunces et Taseï, d’établir un rapport à partir de tous les éléments disponibles. Un vaste programme d’études est réalisé au cours de l’année 1998. Le coût total s’élève à 6.000 kF. Les premiers résultats ne permettent pas de conclure et les experts chargé des tests concluent à la nécessité de réaliser des études supplémentaires.
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Bayer émet plusieurs requêtes tout en effectuant les recherches permettant d’arriver aux résultats supplémentaires mais celles-ci sont toutes refusées. Les conclusions des enquêtes menées par Bayer et d’autres instituts en parallèle sont incapables de démontrer un lien de cause à effet entre le phénomène de disparition et le Gaucho.
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Le Ministre de l'agriculture, M. Jean Glavany applique pour la première fois le 22 janvier 1999 le principe de précaution pour un produit phytosanitaire. Il demande le retrait provisoire du Gaucho sur tournesol dans l'attente de résultats complémentaires de la société Bayer à fournir dans un délai de deux ans.
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La manifestation a lieu a Paris devant le ministère de l'agriculture puis devant le service de la protection des végétaux.
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Début 2001, la mesure d’interdiction est tout de même reconduite pour deux années supplémentaires selon le même principe de précaution. Le ministère de l’agriculture étend néanmoins les recherches en se penchant sur d’autres facteurs comme le Varroa ou le Nosema ceranae. D’autres études sont aussi menées pour évaluer la persistance du produit dans les sols. Le produit sera encore interdit pour trois ans en 2003.
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Le Ministre Hervé GAYMARD crée un Comité Scientifique et Technique de l’étude multifactorielle des troubles des abeilles (CST) chargé de piloter une étude multifactorielle des troubles des abeilles. Elle doit également coordonner une enquête épidémiologique réalisée par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) . Ce comité se met en place en juin 2001 sous la présidence conjointe des professeurs Marzin et Rault.
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Malgrés l'interdiction du produit gaucho destiné aux semences de tournesol le phénomène de disparition des abeilles persiste.
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L’AFSSA, réalise une étude expérimentale sur la toxicité de l’imidaclopride sur des colonies d’abeilles (33 ruches, 10 cadres). Le principe est de simuler par une opération de nourrissement au sirop, l’exposition à l’imidaclopride de colonies lors de la récolte de nectar de tournesol. Les résultats tendent à confirmer que le Gaucho® est sans danger pour l’homme une fois la semence enrobée, et n’ont pas d’influence négative identifiée sur l’abeille aux doses utilisées.
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le 25 Mai 2004 c’est le produit Gaucho destiné au maïs qui est visé par le nouveau ministre de l’agriculture Hervé Gaymard. Le produit fait l’objet d’une interdiction à confirmer par le conseil d'état.
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le 17 octobre 2005 l'AFSSA emet un avis défavorable à l'utilisation du fipronil utilisé notament en tant que molécule active dde l'insecticide Régent produit par l'entreprise BASF en concluant que celui-ci a probablement un effet néfaste sur les abeilles qui est encore impossible à prouver à ce jour. La même année les résultats des évaluations scientifiques commandés par Bayer et concernant la même molécule active concluent que les doses retrouvées sont sans danger pour les abeilles.
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Le Cruiser est un produit lancé sur le marché par l’entreprise suisse Syngenta après une autorisation délivrée en Janvier 2008. Cette homologation fait suite à un avis de l’AFFSA favorable au Cruiser rendu en décembre 2007. Le produit utilise comme molécule active le thiamétoxame, dans la ligné du Gaucho c’est aussi un insecticide systémique utilisé en enrobage de semences de maïs et colza. L’AMM délivré par le ministère est accompagné de conditions de précautions maximales.
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L’enquête multifactorielle de l’AFSSA rendue publique le 15 février 2008 a attisé la controverse sur les causes de la surmortalité des abeilles en revenant sur les résultats d’une de ses propres études menées par Jean-Paul Faucon, chef de l’unité pathologique de l’abeille de l’AFSSA . Selon l’AFSSA : « La présence des résidus d’imidaclopride dans les matrices apicoles n’a pas entraîné de mortalité aiguë de colonies ou d’abeilles ». comme cela avait été démontré en 2005»
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La réaction n'attend pas et c'est le grand public qui est amené à prendre part a la controverse avec des manifestations visant directement le Cruiser en Février. L'objectif est de faire annuler sa mise sur le marché avec la décision finale du conseil d'état.
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Le procureur de la République de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) annonce un non-lieu en faveur des groupes chimiques BASF Agro et Bayer CropScience, ayant commercialisé le pesticide Régent TS ( à base de fipronil), accusé par des apiculteurs d'être à l'origine d'une surmortalité d'abeilles.
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En novembre 2008 l'AFSSA publie a son tour un dossier regroupant les conclusion des années précédentes et les nouvelles découvertes. Avec le recul "les causes à l’originede la mortalité d’abeilles attribuée à l’emploide produits contenant de l’imidaclopride (GAUCHO) n’avaient pas pu, malgré les nombreux dispositifs expérimentaux mis en place à la suite des incidents, être clairement établies."
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Science et Nature publie un article : "L'abeille: transpiration mortelle du maïs" ou elle accuse très clairement les pesticides systémiques et leurs effets en tant que neurotransmetteurs.
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En juin 2009 l'INRA publie les résultats et conclusions de ses recherches dans un dossier lié à difficulté de l'expertise pour permettre l'avancement de la controverse sur les abeilles. Les difficultés décrites résident surtout dans deux problèmes. Le recenscement des colonies est quasi impossible tandis que la synergie entre plusieurs insecticides et maladies empèche de trancher de façon certaine.
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Une étude du laboratoire des abeilles du ministère de l'agriculture américaine incrimine les effets cocktail qui provoquent un affaiblissement accentué des abeilles.
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L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire résulte de la fusion de l’AFSSA et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset). La fusion a eu lieu en juillet 2010 et l’agence à la responsabilité d’assurer et de contribuer à la sécurité sanitaire. Elle fournit des dossiers d’évaluation de produits phytosanitaires sur lequel s’appuie le ministère de l’agriculture pour décider d’une éventuelle autorisation de mise sur le marché (AMM).
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Le Conseil d'Etat considère que la méthode d'évaluation du risque de l'Anses pour donner son avis n'est pas conforme au décret du 5 mai 1994 relatif au contrôle des produits phytopharmaceutiques et annule l'autorisation de mise sur le marché des premiers produits Cruiser de 2008 à 2010 sur le territoire Cet annulation du conseil d'état n'a néanmoins pas l'effet voulut car elle intervient après les premières semi et les nouveaux produits sont toujours validés par le ministère chaque année.
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«tous les produits utilisés en traite ments des végétaux sont soumis à une procédure d’autorisation de mise sur le marché. Mais ces “ tests abeilles ” ont été définis il y a une cinquantaine d’années et ne sont plus du tout adaptés aux insecticides modernes. On est loin de connaître précisément comment la toxicité va s’exprimer, surtout quand l’exposition aux toxiques dure longtemps ».
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Les résultats d'une étude révolutionnaire menée par l'INRA d'Avignon sont publiés dans Science en décembre 2011 et font état d'une réelle preuve du lien de cause à effet des synergies de pesticides. Cette études a été menée à l'aide de puces RFID fixées sur le dos de 653 abeilles.