Meursault contre-enquête

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    Le manque du père

    « Mon père travaillait comme gardien dans une fabrique de je ne sais quoi. Une nuit, il a disparu. … C’était juste après ma naissance, pendent les années 1930. » « Notre père avait disparu depuis des siècles, émietté dans les rumeurs de ceux qui disaient l’avoir croise1 en France, et seul Moussa entendait sa voix et nous racontait ce qu’il lui dictait dans ses rêves. Mon frère ne l’avait revu qu’une seule fois, de si loin d’ailleurs qu’il en avait douté. »
  • La mort de Moussa (Haroun avait 7 ans)

    La mort de Moussa (Haroun avait 7 ans)

    « C’est important de donner un nom à un mort, autant qu’à un nouveau-né. C’est important, oui. Mon frère s’appelait. Moussa. Le dernier jour de sa vie, j’avais sept ans et donc je n’en sais pas plus que ce que je t’ai raconté. » Moussa a été tué à 14 heures pendant l’été, sur la plage. Quatorze heures : l’heure du diable, l’heure de la sieste.
  • La vue d’une ombre à la plage

    « Peine perdue. Moussa avait disparu, mort absolument et avec une perfection incompréhensible. Dans cet endroit de sable et de sel, ils avaient été deux, lui et le tuer, deux uniquement. »
  • La vue d’une ombre à la plage

    « M’ma avait décidé de fuir Alger, la mer -, j’ai vu une femme, j’en suis sûr, nous fixer avec intensité. … Je me suis retourné, la femme avait disparu. » « Sans m’en rendre compte, et des années avant que je n’apprenne à lire, je refusais l’absurdité de sa mort et j’avais besoin d’une histoire pour lui donner un linceul. » « Voyons, que j’essaie de me souvenir précisément … »
  • La tombe vide / l’enterrement (40 jours après la mort)

    La tombe vide / l’enterrement (40 jours après la mort)

    « L’enterrement en effet n’eut lieu qu’à ce moment-là. L’imam du quartier avait dû être perturbé. On n’enterre pas souvent un disparu … Car le corps de Moussa n’a jamais été retrouvé. Ma mère, comme je l’appris peu à peu, avait cherché Moussa partout, à la morgue, au commissariat de Belcourt, elle avait frappé à toutes les portes. Peine perdue. Moussa avait disparu, mort absolument et avec une perfection incompréhensible. »
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    L’apprentissage du français

    « Ce statut de « frère du mort » m’était presque agréable ; en fait, je ne commençai à en souffrir qu’à l’approche de l’âge adulte, lorsque j’appris à lire et que je compris le sort injuste réservé à mon frère, mort dans un livre. » « Rien de plus avant que je n’apprenne à lire et que le petit bout de journal, relatant le meurtre de Moussa/Zoudj, ….. c’est l’un des livres les plus lus au monde, mon frère aurait pu être célèbre si ton auteur avait seulement daigné lui attribuer un prénom … ! »
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    L’apprentissage du français (Haroun avait environ 15 ans)

    « J’ai appris à écrire pour mon père ……. et son regard qui me demandait de l’aide », m’a dit cet homme. Au fond, j’ai la même raison. Vas-y, remets-toi donc à lire, même si tout est écrit dans ma tête. »
    « Comment et où l’ai-je appris ? À l’école. Seul. Avec Meriem. C’est surtout elle qui m’a aidé à perfectionner la langue de ton héros, et c’est elle qui m’a fait découvrir, lire et relire encore ce livre que tu conserves dans ton cartable comme un fétiche. »
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    L'apprentissage du français

    « Mon apprentissage de la langue sera ainsi marqué par la mort. Je lisais, bien sûr, d’autres livre, d’histoires, de géographie, mais tout devait e3tre rapporté à notre histoire familiale, au meurtre commis sur mon frère er à cette plage maudite. » « À partir de mes quinze ans présumés, date à laquelle nous nous somme repliés vers Hadjout, e suis devenu un écolier grave et sérieux. »
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    L’indépendance

    « À cinq ans, déjà ! Tu t’en rends compte ? Comme si on avait eu l’intuition de ce qui se passerait à l’Indépendance, avec les armes en moins. » « Or dehors, loin de cette plage et de notre maison, il y avait une guerre précisément, la guerre de Libération, qui étouffait la rumeur de tous les autres crimes. C’étaient les premiers jours de l’Indépendance et les Français couraient dans tous les sens, … à tuer à leur tour. »
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    L’indépendance

    « La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J’aime aller vers ce Dieu, à pied s’il le faut, mais pas en voyage organisé. Je déteste les vendredis depuis l’Indépendance, je crois. » « Ce jeu de dupes ne cessa que vers les derniers mois précédant l’Indépendance, lorsque ma mère devina peut-être les pas fous de Joseph, encore vivant, rôdant à Hadjout autour de sa propre tombe avec ses sandales de plage. » « J’ai vu se consumer l’enthousiasme de l’Indépendance. »
  • Haroun a tué un Français, Joseph Larquais (Haroun avait environ 27 ans)

    Haroun a tué un Français, Joseph Larquais (Haroun avait environ 27 ans)

    « J’ai appuyé sur la détente, j’ai tiré deux fois. Deux balles, l’une dans le ventre en l’autre dans le cou. Au total, cela fait sept, pensai-je sur-le-champ, absurdement. (Sauf que les cinq premières, celles qui avaient tué Moussa, avaient été tirées vingt ans auparavant…) M’ma était derrière moi en je sentais son regard comme une main me poussant dans le dos, me maintenant debout, dirigeant mon bras, inclinant légèrement ma tête au moment où je visai.
  • Haroun rêve d’un procès

    Haroun rêve d’un procès

    « J’en conclus que j’étais condamné – et pour cela, je n’avais pas besoin ni de juge, ni de Dieu, ni de la mascarade d’un procès. » « Je rêverais d’un procès ! Et je t’assure que, contrairement à ton héros, je le vivrais avec l’ardeur du délivré. Je rêve de cette salle pleine de gens. Une grande salle avec M’ma rendue enfin muette ... il y aura, au fond de la salle, quelques journalistes désœuvrés, Larbi, l’ami de mon frère Moussa, Meriem surtout, … »
  • L’interrogation

    L’interrogation

    « M’ma bien sûr, qui d’autre ? « Ils sont venus te cherche », me dit-elle. Elle n’était ni inquiète ni affolée, on ne pouvait pas tuer son fils deux fois et je l’avais bien compris. » « Dis à ton fils de venir à la mairie, le colonel veut lui parler. »
  • L’interrogation

    L’interrogation

    « On m’a interrogé plusieurs fois. Mais il s’agissait d’interrogatoires d’identité .. jamais duré très longtemps. ... À la gendarmerie, personne ne semblait ‘s’intéresser à mon cas. Un officier de l’armée de Libération a quand même fini par me recevoir…. Je savais que je n’étais pas là pour avoir commis un meurtre mais pour ne pas l’avoir fait au bon moment. » « S’il s’avère que tu l’as tué, tu paierais. » .. « Qui aurait cru que j’aurais à juger un Algérien pour le meurtre d’un Français ! ».
  • Meriem qui rend une visite

    Meriem qui rend une visite

    « « Êtes-vous de la famille de Moussa Ould el-Assasse ? » je me répète parfois cette phrase pour essayer de retrouver le ton enjoué qu’elle avait – très poli, bienveillant, comme une lumineuse preuve d’innocence. » « Pour elle, il s’agissait d’une histoire très simple. ... Intriguée par l’identité de l’Arabe, elle avait décidé de mener sa propre enquête et, à force de pugnacité, avait fini par remonter notre piste. »
  • Meriem qui rend une visite

    Meriem qui rend une visite

    « J’ai fait sa connaissance juste un peu avant l’été 1963, tout le monde était porté pas l’enthousiasme post-Indépendance et je me souviens encore de ses cheveux fous, de ses yeux passionnés qui viennent me visiter parfois ans des rêve insistants. » « Elle et moi, nous nous sommes vus une dizaine de fois pendant cet été. »
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    Discussion avec l’imam (Haroun avait environ 75 ans)

    « Un jour, l’iman a essayé de me parler de Dieu en me disant que j’étais vieux et que je devais au moins prier comme les autres, mais je me suis avancé vers lui en j’ai tenté de lui expliquer qu’il me restait si peu de temps que je ne voulais pas le perde avec Dieu. » « Si je crois en Dieu ? Tu me fais rire, là ! » « Personne ne l’a jamais rencontré, pas même Moussa, et personne ne sait ni si son histoire est vraie ou pas. »